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Ecotourisme Dans les Benisnassen, Maroc Oriental

2006, par Najib Bachiri, SEAN COLLINS

L’écotourisme est décrit par The Eco-tourism Society comme "voyage responsable dans les régions naturelles, pour la conservation de l’environnement et l’amélioration du bien-être des populations locales." L’écotourisme n’existe ni dans la région de Taforhalt ni dans ses environs. Il y a cependant un potentiel pour le tourisme naturel même si la région ne convient pas tout à fait aux écotouristes. Ce tourisme de la nature peut servir à sensibiliser les visiteurs et les habitants locaux sur l’importance de la conservation des terres naturelles. Actuellement, les visiteurs et les habitants locaux exercent une pression sur l’environnement local et cette tendance doit diminuer et se renverser pour pouvoir appuyer le tourisme dans la région.

La région de Taforhalt telle qu’elle est décrite dans le présent rapport est approximativement définie comme centre urbain et sa zone environnante située à plusieurs kilomètres de ce centre. En outre, elle comprend le couloir entre Taforhalt et Zegzel ainsi que la gorge de Zegzel, la grotte des chameaux et la grotte du pigeon. Les données de ce rapport n’ont été recueillies ni de manière scientifique ni systématique. Il s’agit en fait de la compilation d’entretiens informels avec les habitants locaux et les touristes, ainsi que d’observations personnelles faites lors de notre séjour au centre de Taforhalt entre mai et décembre 2002.

En ce qui concerne le tourisme, deux termes utilisés dans le présent rapport semblent similaires mais décrivent un phénomène différent et ne sont pas interchangeables, l’écotourisme et le tourisme naturel. L’éco-tourisme est décrit dans une section à la fin de ce rapport, mais est plus strictement défini que le tourisme de la nature. L’écotourisme responsable sur le plan environnemental et culturel requiert des voyages durables dans des lieux où les habitants locaux en tirent des avantages financiers. Le tourisme naturel est plus vaste et implique simplement que des touristes visitent une région en raison d’un attrait naturel.

Observations sur la situation actuelle
Taforhalt, en tant que destination touristique, est populaire pour les touristes marocains et étrangers. Les dimanches pendant printemps, le nombre de visiteurs commence à augmenter lorsque les gens viennent pour fuire les villes avoisinantes, pique-niquer ou manger dans un restaurant local avec terrasse. En juillet et août, le tourisme n’est plus un phénomène limité aux dimanches, mais il y a des touristes qui affluent au centre ville et se déversent sur les collines tous les jours. Il s’agit de pique-niqueurs marocains, mais aussi d’Européens plus nombreux qui viennent en famille du Nors-Est du Maroc ou des Marocains résidant à l’étranger qui reviennent en vacances.

Il n’y a aucun hôtel à Taforhalt et les touristes séjournent rarement dans les salons à banquettes du style dortoir de l’auberge de l’association. L’association rénove actuellement certains de ses locaux, ce qui en fera une option plus attrayante. Un terrain de camping situé au bord de la route est également disponible mais impopulaire. La plupart des touristes séjournent à Berkane, Oujda ou Saidia, les autres séjournent dans d’autres villes voisines. Beaucoup passent un mois ou plus dans l’une de ces localités. Un voyage à Taforhalt et à la gorge de Zegzel peut représenter deux jours de leur circuit d’un mois ou peut-être juste une journée. Pour beaucoup, une journée à la montagne apporte un changement au séjour à la plage de Saidia.

Le coin le plus populaire à visiter pour les touristes est le complexe avec piscine du centre ville. Souvent les gens ne voient que peu ou rien d’autre dans la région. D’autres apportent à déjeuner et pique-niquent dans la forêt d’eucalyptus ou le long de la route reliant Taforhalt à Zegzel. Seule un petit nombre d’entre eux visite la réserve des moutons de Barbarie ou s’aventure à plusieurs centaines de mètres de leurs voitures pour faire un tour dans les montagnes.

Problèmes liés au tourisme
Le principal problème écologique dû aux touristes dans la région de Taforhalt est lié aux ordures qu’e ces derniers laissent derrière eux. Si les pique-niqueurs apportent leur propre nourriture avec eux, ils emportent rarement leurs ordures avec eux en partant. En été, les ordures s’amoncellent partout au centre de la ville, jetées par les touristes et les membres de la communauté. Il n’y a pas de poubelles publiques, mais leur existence n’aurait fait que masquer un plus grand problème. Le plan d’évacuation des déchets municipaux est mal conçu et ne constitue certainement pas une solution. Les ordures sont assez efficacement ramassées au centre de ville, mais sont ensuite conduites à 1-2 kilomètres de la ville et vidées dans le lit de la rivière ou au flanc de la colline.

En contre-bas de Taforhalt, sur la route qui mène de la grotte du pigeon à la gorge de Zegzel, la zone de forêt au bord de la route est marquée par les traces des voitures qui quittent la chaussée pour installer une aire de pique-nique. Ces endroits sont jonchés de détritus et des sacs poubelles en plastique emplissent le lit asséché de la rivière qui longe la route. Des piles de détritus sont souvent entassées même dans l’aire de pique-nique de la gorge de Zegzel. Malheureusement, la collecte des ordures n’atteindra aucun objectif à moins qu’il y ait un plan à long terme pour un ramassage continu et une évacuation appropriée.

Du centre de Taforhalt il n’y a aucune piste balisée de randonnée pour les touristes qui souhaitent faire une promenade dans la forêt. Certains trouvent leur chemin entre les sentiers, d’autres marchent n’ importe où autour de la colline. Beaucoup d’autres ne voient pas les montagnes, excepté en roulant en voiture. Les plantes et le sol des régions arides comme Taforhalt sont particulièrement sensibles à la destruction due au piétinement et mettent du temps à se rétablir. Si le trafic humain était plus dirigé vers les pistes balisées, cela pourrait augmenter le nombre de randonneurs tout en diminuant les effets. Cette différence serait notable, mais aussi longtemps que ces zones sont piétinées par des troupeaux domestiques, l’absence du trafic humain ne fera qu’une petite différence.

Opportunités
L’éco-tourisme, comme l’avance le présent rapport, n’existe pas actuellement à Taforhalt et il n’y a pas non plus de raison de penser que l’écotourisme strictement défini apparaîtra du jour au lendemain. Il y a, cependant, de grandes opportunités pour un tourisme basé sur la nature dans la région ainsi que l’espoir d’attirer des écotouristes. En outre, de nombreux petits changements peuvent être apportés, ce qui ferait une grande différence et contribuerait à éduquer la population locale et les visiteurs sur l’importance de protéger les régions naturelles au Maroc.

Je suggère quelques petits changements. Ces idées doivent être appliquées de manière responsable sur les plans écologique et social et doivent tenter d’émuler l’écotourisme tel qu’il est décrit dans la section suivante.

• Actuellement, sur la route entre Taforhalt et Zegzel, il y a des zones en bordure de route où les voitures ont arraché et abîmé la forêt. Au lieu de les fermer ou de laisser la dégradation augmenter, ces zones peuvent être aisément et ceintes à bon marché de roches peintes et désignées comme aires de pique-nique. Cela pourrait contribuer à stopper l’expansion de ces aires et fournir également les aires de repos souhaitées par les visiteurs. Une aire de pique-nique peut comporter un simple panneau comme « Protégez la beauté naturelle du Maroc », « Emportez vos ordures avec vous » ou « Prenez uniquement des photos », « Ne laissez que des empreintes de pas », « Prière de ne pas cueillir de fleurs et de ramasser vos ordures en partant ». Ce genre de panneau encourage les visiteurs à être plus responsables et contribue à éduquer la population locale à valoriser sa terre. Si les touristes viennent dépenser de l’argent tout en admirant ces zones naturelles propres et saines, les habitants auront des incitatifs financiers pour protéger la nature.

• Des zones à grand trafic comme la gorge de Zegzel doivent comporter des panneaux d’information. Ces panneaux peuvent être petits, comme par exemple une simple pancarte décrivant les plantes et les animaux de la région avec une carte et des informations sur la grotte du chameau. Il peut aussi y avoir un petit centre pour les visiteurs avec des informations plus détaillées encourageant les gens à agir pour protéger les écosystèmes naturels. Il y a des éco-musées marocains qui peuvent servir de modèle à ce genre de centre. Dans le meilleur des cas, il y aurait également des poubelles dans le secteur de visite de Zegzel, mais il doit d’abord y avoir un plan pour le ramassage continu de ces détritus.

• Près de la gorge de Zegzel ou la ville de Zegzel se trouve un coin idéal pour établir un gîte. Il peut fournir des emplois, des revenus à l’économie locale et aussi encourager les touristes à séjourner plus longtemps dans le secteur. Le gîte peut être géré par une association, une coopérative ou un individu et peut être s’associer à des guides pour faire visiter aux gens les sites présentant un intérêt environnemental et culturel. Il peut également servir de vitrine et de marché pour les marchandises produites localement , tel le panier, les tapis, les pots en argile .

• Concevoir des pistes de randonnée et la carte de ces pistes pour Taforhalt et Zegzel aiderait à entraîner les visiteurs à l’extérieur, dans des zones de beauté naturelle même s’ils projettent seulement de s’asseoir au bord de la piscine.

Eco-tourisme
Souvent considéré comme une panacée pour les maux des populations rurales habitant de beaux sites naturels, l’écotourisme n’est pas simplement le tourisme dans les zones naturelles. L’éco-tourisme se définit comme "voyage utile dans des zones naturelles pour comprendre l’histoire naturelle et culturelle de l’environnement, en prenant soin de ne pas changer l’intégrité des écosystèmes tout en produisant des opportunités économiques qui rendent la conservation des ressources naturelles financièrement bénéfique pour les citoyens locaux" (tourisme de la nature). Il doit y avoir du tourisme dans les zones d’intérêt culturel et naturel de manière à ce que les visiteurs ne diminuent pas les espaces de landes ou leur attrait pour le visiteur suivant. La communauté locale doit également cueillir certains avantages financiers de ces touristes.

Il est évident que le tourisme tel qu’il existe actuellement dans la zone de Taforhalt n’est pas un écotourisme durable parce qu’il est rarement responsable sur le plan de l’environnement, qu’il y a peu d’informations disponibles sur l’histoire culturelle ou naturelle (sauf à la grotte du Pigeon), et il semble que les avantages pour les populations sont trop petits par rapport au fardeau que constitue la visite de ces touristes (sauf peut-être pour le propriétaire du complexe à piscine de Taforhalt). Il y a cependant des opportunités pour améliorer la durabilité du tourisme actuel et élargir le commerce touristique de la région pour servir les visiteurs quotidiens et éventuellement attirer de futurs écotouristes. Les suggestions faites dans ce rapport ne constituent qu’un petit moyen pas onéreux pour commencer à transformer la région de Taforhalt en un environnement plus sain et plus attrayant pour les touristes. Il faudra bien plus d’efforts pour que l’établissement d’un véritable écotourisme devienne fructueux.

Sean Collins

ELDIS TOURISM REPORTER
15 October 2003


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NEW DOCUMENTS :

1. Pro-poor tourism : benefit for locals and more fun for
tourists ?
2. Development of criteria and benchmarks for green hotels in
Thailand : Phase I
3. Responsible tourism handbook : a guide to good practice for
tourism operators

ANNOUNCEMENTS :
1. Channel View Tourism journals now free electronic access for poorest
countries
2. Meeting : Second African Conference on Peace Through Tourism
3. Meeting : International UNESCO seminar on cultural
diversity and tourism
4. Call for papers : Mountain tourism : environment, economy,
culture and society, at the Centennial Meeting of the AAG
5. Meeting and Call for Papers : Sustainable Tourism 2004


1. PRO-POOR TOURISM : BENEFIT FOR LOCALS AND MORE
FUN FOR TOURISTS ?

Author(s) : Adama Bah and Harold Goodwin / Natural
Resources Institute, University of Greenwich, UK

Produced by : ID21 Development Reporting Service (2003)

How could tourism benefit the poor ? Can tourists be
enticed out of the resorts into which they are cocooned by
tour operators ? Should the travel industry do more to
assist the informal sector ? Can those involved in
developing tourist-friendly products reduce the level of
hassling by touts and curb aggressive bargaining by
tourists ?

Pour plus d’information consultez :
http://www.id21.org/society/s5bjd1g1.html